Le PIB de la Suisse a stagné au 4e trimestre 2022. Les branches de l’industrie sensibles à la conjoncture ont été freinées par le contexte international difficile ; les exportations de marchandises ont reculé. En revanche, la demande intérieure a de nouveau progressé, grâce notamment à une nette amélioration de l’emploi. Les dernières enquêtes de confiance ont livré des résultats contrastés. Dans l’ensemble, les indicateurs les plus récents laissent toutefois présager une évolution solide de l’économie suisse au 1er trimestre.
Au niveau international, la situation économique est légèrement plus favorable que celle esquissée en décembre. Après la fin de la politique du zéro COVID, la Chine connaît actuellement une forte reprise. De plus, la situation énergétique en Europe s’est détendue au cours des derniers mois. Par contre, l’évolution de l’inflation sous-jacente dans les grands pays industrialisés a été moins favorable que prévu, ce qui devrait engendrer des politiques monétaires plus restrictives et freiner la demande mondiale.
En Suisse, l’inflation devrait aussi rester relativement élevée pour le moment, et atteindre 2,4 % en 2023. La consommation privée devrait enregistrer une hausse modérée durant les trimestres à venir, stimulée par la bonne tenue du marché du travail et l’augmentation des salaires nominaux. Vu la situation générale, l’augmentation des investissements devrait être inférieure à la moyenne.
Dans ce contexte, le Groupe d’experts table sur une croissance de 1,1 % de l’économie suisse en 2023 (projections de décembre : 1,0 %). La croissance serait donc nettement inférieure à la moyenne, mais l’économie suisse n’entrerait pas en récession. Tout comme dans ses prévisions précédentes, le Groupe d’experts postule qu’il n’y aura pas de pénurie d’énergie entraînant des arrêts de production généralisés l’hiver prochain (2023/2024). Dans le même temps, les prix du gaz et de l’électricité devraient rester élevés en comparaison historique.
En Europe, la situation énergétique devrait continuer de se normaliser et les taux d’inflation observés à l’international reculer progressivement d’ici à la fin de 2024, ce qui devrait permettre une certaine reprise de la demande mondiale. Le Groupe d’experts revoit ses prévisions très légèrement à la baisse pour 2024 et table désormais sur une croissance économique de 1,5 % au lieu de 1,6 % (prévisions de décembre), et sur un taux d’inflation de 1,5 %.
Le ralentissement conjoncturel devrait également se faire sentir sur le marché du travail, avec un certain temps de retard. Le taux de chômage devrait s’établir à 2,0 % en moyenne annuelle pour 2023 et atteindre 2,3 % en 2024.
Risques conjoncturels
Au niveau international, les risques liés à l’inflation et à la réponse des autorités de la politique monétaire ont gagné en importance. L’inflation pourrait notamment persister plus longtemps que prévu, ce qui continuerait de freiner la demande mondiale et de nécessiter une politique monétaire plus restrictive. Une telle évolution renforcerait les risques existants liés à la forte augmentation de l’endettement à l’échelle mondiale ainsi que les risques de corrections dans le secteur immobilier et sur les marchés financiers.
Des risques demeurent en outre concernant l’approvisionnement en énergie et les prix de l’énergie, notamment pour l’hiver prochain. Dans l’éventualité où l’Europe serait plongée dans une pénurie d’énergie marquée entraînant des arrêts de production à large échelle et un net fléchissement de l’activité économique, la Suisse entrerait probablement aussi en récession et devrait également faire face à une forte pression sur les prix.
Néanmoins, il se pourrait aussi que l’évolution de la conjoncture prenne une tournure plus favorable que celle esquissée dans les prévisions conjoncturelles, surtout si la situation énergétique et l’inflation se révèlent plus bénignes que prévu. Une telle évolution impliquerait une demande intérieure et extérieure plus robuste.
* Pour de plus amples informations concernant les prévisions du Groupe d'experts de la Confédération pour les prévisions conjoncturelles, veuillez consulter le chapitre « Prévisions conjoncturelles » des Tendances conjoncturelles du printemps 2023, ainsi que la page www.seco.admin.ch/previsions-conjoncturelles.