« Si l'IA existe depuis plusieurs années maintenant elle reste relativement nouvelle concernant les usages donc nous avons beaucoup plus de retours d'expérience de la part des fournisseurs de solutions que des utilisateurs », indique Franck Berthu, expert en transformation digitale, chez AD'OCC, qui prévient « il faut commencer à prendre le train pendant qu'il est encore sur le quai. Car aujourd'hui l'IA on ne peut pas s'en passer et ce qu'il faut voir c'est surtout la rentabilité et non le coût ! ».
« Un outil d'aide à la décision »
Analyse en temps réel sur l'état hydrique des sols, le rendement et même prévisions météorologiques, l'IA permet « de prendre des décisions le plus rapidement possible avec le maximum d'informations possibles », comme l'explique Franck Berthu. Exemple avec Antonin Douillet, co-fondateur, DAC ADN qui veut optimiser la protection phytosanitaire de la vigne : « Nous capturons des spores de pathogènes (mildiou et oïdium) que l'on va analyser en laboratoire via des méthodes de biologie moléculaire. Les données recueillies sont ensuite implémentées dans des modèles basés sur l'IA (données météo, suivis de phénologie, suivis de symptômes) ce qui va nous permettre de sortir une probabilité d'évolution de symptômes et donc d'apporter des conseils sur le type de molécules à utiliser, la dose etc. Plus on aura de capteurs plus on pourra faire converger des indicateurs ».
« Le travail est fait en 5 secondes »
Mathieu Gazeau et Anicet Prod'homme de la SAS Arboflow, ont développé PommaQuality, une appli qui « évalue instantanément la qualité des pommes », fondée sur l'IA qui va analyser les images des pommes capturées depuis l'application mobile, pour fournir des estimations précises sur le calibre et la coloration. « L'avantage avec l'IA c'est que le travail est fait en 5 secondes », explique Anicet Prod'homme, puisque l'innovation réside dans l'efficacité et la rapidité du système et permet ainsi une visibilité la qualité des lots quasi instantanée, avant même qu'ils n'arrivent en station de conditionnement. « Pour 3 palox analysés en station, j'en analyse 100 avec l'IA ».
Une réponse aux problématiques de la filière fruits et légumes ?
« Nous avons la chance de pouvoir vivre une une révolution numérique », indique Gildas Guibert, expert technique et consultant, Mouneyrac. IA est très excitant et va vraiment permettre aux entreprise qui ont énormément de jeu de données dormantes, dont elles ne se servent pas, et de les utiliser pour objectiver la prise de décisions et donc progresser ». Une technologie pour pourrait être « la réponse aux problématiques que traverse la filière fruits et légumes. La main-d'œuvre se fait de plus en plus rare et est de moins en moins qualifiée, donc l'IA va permettre faire monter en compétence. Sur le volet phytosanitaire également elle peut accélérer la recherche de nouvelles molécules plus durables, sans oublier la rentabilité des entreprises ».
Qu'en est-il dans les autres pays ?
Antonin Douillet « Les Etats-Unis et le Canada sont en avance, ce sont des précurseurs. Que ce soit pour le concombre, les grandes cultures, le kiwi, la framboise et mêmes les oignons, ils sont assez inspirants. Et la barrière de l'innovation, là-bas y en n'a pas ! » Pour la partie arboriculture, Anicet Prod'homme ajoute « La Nouvelle-Zélande est en avance. Donc nous ne sommes pas les derniers mais pas non plus les premiers. »